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Dialogues du Silence: Blanc

Monochrome Blanc
« Contempler des ouvrages d’art, non pas dans leur matérialité facilement saisissable mais dans l’âme dont ils sont doués. » Baudelaire

Le Blanc, espace infini : Pasquali, Bonalumi, Castellani.

Le blanc : silence et absolu

Dès le début du XXᵉ siècle, la couleur blanche est apparue comme un champ d’expérimentation radical. Les artistes, de Malevitch à Kandinsky, ont contesté l’identification simple et réaliste de la couleur pour lui donner une portée nouvelle : physique, spatiale et spirituelle.
Pour Gauguin déjà, « la couleur est vibratoire de même que la musique » : elle touche à l’essence de la nature, à sa force intérieure. Malevitch franchit un pas décisif avec son célèbre Carré blanc sur fond blanc (1918), où le blanc devient l’image de l’infini, une plongée dans l’absolu et l’immatériel. Kandinsky y voyait « un grand silence absolu » : le blanc agit comme une suspension du temps, une ouverture vers l’espace cosmique.

Dans cette lignée, Fontana poussera l’expérience encore plus loin en perçant, lacérant, ouvrant la surface, persuadé que « le blanc souligne l’immensité immaculée des espaces expérimentaux à conquérir ».

Le blanc n’est donc pas absence, mais totalité. Il concentre et fusionne tous les éléments matériels et immatériels dans un principe unitaire qui transcende l’espace et la durée. Comme l’écrivait Pierre Restany : c’est la « minute de vérité » où l’art touche à l’essentiel.

Trois artistes face au blanc

Enrico Castellani

Considéré comme l’un des pères du minimalisme — Donald Judd le qualifiait ainsi — Castellani a transformé la surface picturale en un véritable paysage de géométrie hypnotique. Par ses toiles tendues et rythmées de clous, il crée des vibrations visuelles où la lumière joue en permanence avec l’ombre. Sa « répétition différente » invente une poésie visuelle d’une extrême pureté : un champ où l’œil se perd et se retrouve à la fois, dans une respiration infinie du blanc.

Agostino Bonalumi

Pour Bonalumi, la toile n’est plus un simple support, mais un espace vivant, en perpétuelle tension. Par ses surfaces modelées et ses reliefs, il métamorphose le tableau en une architecture de lumière et d’ombre. « La toile n’est pas un support, mais une illusion », disait-il. Dans cette quête d’absolu, il cherche à condenser la quintessence des formes et à faire dialoguer matière et cosmos. Ses œuvres invitent l’observateur à dépasser le visible pour accéder à une dimension nouvelle, presque alchimique.

Francesca Pasquali

Plus contemporaine, Francesca Pasquali s’inscrit dans une filiation libre : elle observe les formes naturelles tout en détournant les matériaux industriels. Héritière de l’Arte Povera, elle transforme pailles, plastiques ou objets du quotidien en structures vibrantes et organiques. Ses œuvres, à la frontière de l’art optique et de la sculpture, happent le regard : elles semblent fuir et revenir, se dissoudre et se recomposer. Le blanc, ici, devient le vecteur d’un dialogue entre industrie et nature, entre éphémère et éternité.

Qu’il soit silence, vibration ou matière, le blanc est bien plus qu’une couleur. Il est un espace à part entière : un champ de résonance où s’expriment à la fois la pureté et l’infini. Chez Castellani, Bonalumi et Pasquali, il devient langage, territoire, cosmos.
Un lieu où l’art cesse d’imiter pour, enfin, créer le monde.

Blavatsky nous dit dans « La voix du silence« 
« Avant que l’âme puisse voir, l’harmonie intérieure doit être atteinte et les yeux de chair rendus aveugles à tte illusion . Avant que l’âme puisse entendre, l’homme doit devenir sourd aux rugissements comme aux murmures. Avant que l’âme puisse comprendre et soit à même de se souvenir, elle doit être unie au Parleur Silencieux. Alors l’âme entendra et se souviendra. Et alors à l’oreille interne parlera. »

Pour plus d’information sur ces 3 oeuvres, n’hésitez pas à nous contacter: dgcazeau@gmail.com

Dialogues du Silence - Blanc, silence et absolu